«Ici, c’est le paradis du latex»: Montréal célèbre sa grand-messe du fétichisme ce week-end
Le «Fetish Weekend» fête ses 20 ans cette année
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Des centaines d’adeptes du fétichisme vêtus et bottés avec panache de latex convergent dans la métropole à l’occasion du «Fetish Weekend» qui fête ses 20 ans cette année.
Ça ne doit pas être ennuyeux à l’hôtel Zéro1 ces jours-ci.
Ses chambres sont actuellement occupées à 100% par une convention nettement plus divertissante que la moyenne!
Chose certaine: ça y sent le caoutchouc.
Sur la Plaza Saint-Hubert, où l’on ne retrouve pas que des robes de mariage, je rencontre de nombreux visiteurs étrangers en train de dépenser beaucoup d’argent pour des créations québécoises en latex.
«Ici, c’est le paradis du latex!» s’exclame Al, venu du grand Toronto avec sa conjointe Grace, trop gênés pour donner leurs noms de famille.
«Nous faisons le tour des boutiques à Montréal pour trouver des vêtements originaux... tout comme lorsqu’on voyage en Europe!» s’enthousiasme cette dernière.
Le couple vient de faire chauffer sa carte de crédit dans la Boutique Séduction de la Plaza, où se trouvent deux sections distinctes consacrées au latex.
Tourisme du latex
Une quinzaine de clients étrangers examinent ces produits lors de ma visite.
David Latex (c’est son nom dans X/Twitter) arbore un chandail de latex à l’effigie des Expos.
«Je ne me souviens plus combien ça m’a coûté à faire faire sur mesure... c’était cher!» raconte ce comptable de Seattle qui en est à sa cinquième visite à Montréal, toujours lors de la fin de semaine fétiche.
Comme elle constate ma culture latexologique très limitée, Lise-Anne Poulter, une employée de la boutique, me montre certaines pièces de l’artiste locale Nemy, qui a l’étiquette Latex Nemesis.
«Regarde comme c’est beau et touche comme c’est fin!»
Elle me tend des pièces étonnamment minces, légères et douces sous le doigt.
«Les lignes sont subtiles et parfaites quand c’est fait par Nemy. Lorsque ce sont ses apprentis, on remarque des imperfections, des traces de colle ou des bosses.»
Peu ordinaire
Le caoutchouc n’est pas un textile vestimentaire ordinaire.
«Je suis carrément lubrifiée de la tête au pied et il a fallu deux personnes pour me faire glisser dans ma robe!» dit en rigolant l’animatrice Mélanie Trudel.
Surnommée la Sexploratrice, Mme Trudel est une personnalité de la radio qui a lancé GoSeeYou, la seule application de rencontres québécoise qui comporte un volet libertin, appelé Olé.
Comme «ambassadrice» pour Séduction, elle s’est fait payer ce costume d’une valeur de 350$.
C’était donc sa première expérience.
«Il y a du lubrifiant directement dans la robe pour que ma peau puisse glisser, puis un produit fait briller le latex», s’étonne-t-elle.
«C’est comme une deuxième peau par-dessus ma peau. J’avais l’impression d’être nue au volant lorsque je conduisais pour venir jusqu’ici!»
Ceux qui investissent dans une garde-robe en latex ne se promènent pas nu-pieds.
Pour la boutique en ligne Shoefreaks.com, la fin de semaine fétiche à Montréal signifie un pic de ventes.
«C’est très tranquille pendant l’été, puis... boum! Le Fetish Weekend arrive et ça décolle!» se réjouit Nicole Babineau, une responsable du marketing.
Pour représenter ses très ostentatoires chaussures pendant l'événement principal samedi soir au Bain Mathieu, la compagnie a choisi «Déesse Ges», une dominatrice professionnelle québécoise bien connue.